Publié le 16 juin 2022

Rap féminin et émergence : tremplin de carrières

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On l’a souvent dit, le rap est peut être reflet de la société. Au sein de cette dernière, nombreux sont les milieux où la surreprésentation d’un genre est importante. Le rap n’y échappe pas. Les efforts à fournir pour arriver à une égalité de considération ou de représentation sont encore nombreux. Néanmoins, les acteurs du rap et plus largement de la musique multiplient les initiatives afin d’essayer de rééquilibrer la balance et tenter de mettre en lumière les artistes qui, jusque-là, restent dans l’obscurité des projecteurs.

Ces dernières années, nous avons pu constater la naissance de tremplins et de programmes d’accompagnement dédiés aux artistes féminines émergentes. Que ce soit dans la musique électronique (Women Beats), la musique classique (Philharmonie de Paris) ou bien encore dans le rap (Rappeuz’, Rappeuses en Liberté), le milieu artistique et ses normes évoluent pour assurer auprès de chacune les mêmes chances de réussite. Ces initiatives sont un sujet important pour certains médias à l’image de la radio Mouv’, partenaire de Rappeuz’ et initiatrice de contenus comme Les Femmes du Rap, une série de reportages dressant des portraits de femmes emblématiques de l’industrie du rap. Nous avons également pu observer l’émergence d’un média comme Madame Rap (2016), média rap spécialisé positionné comme « Le premier média dédié aux femmes et aux LGBT+ dans le hip hop ».

 

Ces acteurs et initiatives de l’industrie agissent à leur échelle pour porter cette voix ; cependant, si cette question devient un thème plus régulier au coeur du milieu artistique et de l’espace médiatique, qu’en est-il des institutions ? A quel niveau s’impliquent-elles dans leur propre activité sur ces questions ? Du côté institution, des structures comme le CNM (Centre National de la Musique) la SNEP (Syndicat National de l’Edition Phonographique) ou encore la SCPP (Société Civile des Producteurs  Phonographiques) ont lancé en juin 2021 un « baromètre femmes/hommes dans la musique enregistré » ayant pour objectif « d’évaluer les progrès constatés chaque année en matière d’égalité professionnelle femmes hommes dans les labels, donnant à chaque entreprise des repères nécessaires à la mise en oeuvre de politiques volontaristes. ». La machine se lance donc doucement mais ces organisations semblent maintenant commencer à saisir l’importance de ces problématiques. La création de All Access Music par la SNEP pour preuve. Cette association oeuvre aujourd’hui afin de développer les initiatives des producteurs de musique en faveur de l’égalité professionnelle Femmes-Hommes, de l’égalité des chances et de l’éthique.
Né de ce constat et d’une envie de mettre en lumière les rappeuses qui évoluent dans l’ombre, le dispositif Rappeuz’ se présente aujourd’hui comme un tremplin national. A l’initiative du collectif Call Me Femcee (Femme MC), ce tremplin se constitue d’une équipe de professionnel.le.s de l’industrie du rap. De Lille à Marseille en passant par Paris et Bordeaux, ce programme mène à bien la quatrième édition et sillonne la France du 5 au 19 mai. Le tremplin s’inscrit dans une logique de donner davantage de voix aux femmes dans le milieu artistique.
C’est dans la ville de Lille, au Flow – Centre Eurorégional des Cultures Urbaines, qu’a eu lieu la première étape de ce programme. Pleine de talents et de propositions sur la scène rap actuelle, la métropole lilloise a notamment vu la rappeuse Eesah Yasuke remporter les inouïs du Printemps de
Bourges le 28 avril dernier.
Directement au contact des participantes, les castings organisés dressent un profil complet des candidates. La sélection porte une attention particulière à la proposition artistique et à l’humain en contraste direct avec les réseaux sociaux qui regorgent aujourd’hui de concours de freestyles notamment pour les repérages de tremplins (Levis Music Project, Rappeuses en Liberté,...) Cette dynamique permet de nourrir des échanges et des conseils auprès de rappeuses de tout niveau qui cherchent toutes à développer leurs carrières. Pour la majorité en voie de professionnalisation, il est important de pouvoir bénéficier de l’avis de professionnel.le.s et de pouvoir aller à la rencontre d’autres artistes. En découle tout au long de la journée, une ambiance bienveillante entre les participantes. La complicité qui se noue entre ces dernières constitue un atout phare permettant de créer des connexions au fil des échanges. Cela s’est par exemple démontré l’année passée sur un morceau collaboratif (Cypher) regroupant 5 rappeuses de la région.

A l’issue de cette journée riche de rencontres et de bonne humeur, ce sont les artistes Mando et Doumby qui ont été nommées pour représenter la scène locale à la finale nationale, le 1e octobre au FLOW. Qui succédera à Ashley Beckett, grande vainqueure de l’édition 2021 ? Pour répondre à cela, Rappeuz vous donne rendez-vous pour désigner la meilleure des 10 finalistes !